Comment vous expliquer ce qu'était un cours de sport en étant le moins pessimiste possible ? C'était quelque chose de barbant, où les profs vous regardent vous essoufler en vous encourageant. Les profs ne se souciant que des moins bons, c'était plutôt un cours où je pouvais buller sans rien faire. Le terrain de sport sur lequel nous étions censé faire du foot -vous voyez le genre, deux groupes qui courrent après un ballon comme des chiens, et on appelait ça un sport !- étaitt remplis de groupes qui ne faisaient que parler ou jouer un minimum au....basket. Comme quoi, les profs n'avaient pas le monopole de la discipline. En même temps un prof d'EPS qui ne fait même pas de sports avec vous ne peut pas être un peu crédible ! Enfin bref, moi courir après une balle ou faire tout autre chose m'était insupportable. Qui disait sport disait maigrir et on finirait par voir mes côtes. J'étais pas maigre ni anorexique mais j'étais pas très grosse alors un peu plus et il ne me resterais plus rien qui m'appartienne à part les os. J'étais déjà un buveur de sang ambulant alors, squelette ambulant merci mais non merci.
Le problème c'est que je n'avais pas eu le choix de me changer ou non, j'étais obligée. J'avais enfilé mon cycliste noir et mon t-shirt adidas mauve et avait fini avec des baskets avec un amorti du tonnerre. C'était ceux que j'utilisais pour la chasse aux vampires : agréables, souples, légers et surtout résistants. Parce qu'avec moi, les chaussures ne duraient jamais bien longtemps. Pourquoi n'y avait-il pas de garanties sur les chaussures, je me ruinais en baskets moi ?! Dans les vestiaires, je m'attachais les cheveux en une queue haute qui laissait mon visage dégagé. Je tapais le bout de ma basket gauche sur le sol et sortait en trainant les pieds.
Maintenant, j'étais assise par terre, en tailleur, et avait le regard perdu dans le vague. C'était le moment que choisi mon prof pour me bouger un peu :

-Akiba-san, on est en cours de sport, on ne reste pas assise !

Je levais les yeux vers lui, lentement, très lentement pour montrer mon sceptiscisme et mon envie flagrante d'aller faire du sport -tu parles ! - puis je lui répondais :

-Vous savez bien que je suis blessée lui dis-je en montrant mes bras et le bas de mon ventre où j'arborais une grosse entaille.

Je souriais en disant ça mais ça n'avait pas été marrant. Des levels E m'avaient prise pour une patate à éplucher et j'avais plus souffert à l'infirmerie que lorsqu'on me les avaient infligées. C'était pas joli-joli, le soir même, je dégoulinais de sang et l'odeur avait attiré la Night-Class ou comment passer inaperçue.
Le prof me regarda, dubitatif :

-Alors tu n'as rien à faire ici, file à l'infirmerie ou essaie de jouer.

Je me levais et partais sans un regard vers lui. Ce n'était pas la meilleure façon pour se faire apprécier mais le sport et moi, on avait quelques différents, comme le fait de courir en rond, de courir après une ba-balle de faire rebondir une balle et de la jeter dans un panier; et pleins d'autres trucs du même genre. En trainant les pieds, je rentrais dans les vestiaires et prenait mon sac mais, je n'allais pas à l'infirmerie, trop la flemme. Je sortais un livre de mon sac et jetais ce dernier sous le banc où j'étais assise. Le bouquin en lui-même était barbant pour un élève dit normal mais je n'étais pas normale -pas du côté petit vampire-, j'adorais les pièces de théâtres et le théâtre classique par dessus tout et je lisais Hamlet de Shakespeare. Le genre de choses où tout le petit monde meurt hanté à la fin mais qui est très marrant à lire. Bref, le livre et main, je m'allongeai sur le banc devant les deux vestiaires et commençait à lire. Mais, je m'arrêtais vite, je n'avais pas envie de lire. Je rangeais le livre dans mon sac et me recroquevillais sur le banc. Peut-être que faire du sport n'était pas si mal, ça me permettrait de me défouler. Oui peut-être, mais juste de l'athlétisme ou du rugby, les autres sports étaient nullissimes. Ironie du sort, aucun des deux n'était prévu pour cette année. Bref, je m'allongeai sur le banc et regardais le plafond blanc des vestiaires mouais, pas très....blanc. Des pas tintèrent à mes oreilles comme une sonnette d'alarme mais je ne daignais pas me relever et me contentais d'un petit mot nonchalant :

-Et tu fais quoi ici ?

Boarf, pas très convaincant, je devrais peut-être être moins directe et acerbe avec les inconnus, ça me ferait bien des ennemis en moins. Enfin, je disais ça mais, j'étais pas bien placé pour ça, les gens aimaient me prendre pour une ennemie ou sinon ils étaient délirants et me disaient que j'étais belle, sublime et caetera. Ben je me trouvais fichtrement banale avec mes cheveux bruns ondulant dans mon dos, mes yeux bleus-verts un peu vides, ma taille fine et grande. Enfin, rien à envier aux actrices américaines comme Jessica Alba, Kate Beckinsale et toutes les autres du même genre.
Finalement, je me redressais et regardais le garçon qui était là, pas méchamment, mais un peu intrigué par sa présence ici. Il ne devait pas faire EPS ?

[c'est court mais j'avais pas beacoup d'inspi, désolé u_u]

La pomme d'adam du garçon joua dans sa gorge, il déglutissait, difficilement, il appréhendait. Normal, je dirais, je ne l'avait jamais vu, il était sûrement nouveau et n'importe qui appréhenderais ça. Surtout si une furie telle que moi, l'apostrophais ainsi. Et j'avais des états d'âme maintenant ? Si je m'attachais, je savais comment ça allait finir. Les gens qui s'approchaient de moi finissaient mal alors il n'étais pas question que cet inconnu se voit mêlé à mes histoires. Contrairement à ce que pensaient la plupart des gens, je n'étais pas détestable par plaisir de faire du mal. J'avais mes propres raisons. Certes elles restaient obscures, et bien souvent équivoques pour quiconque. Mais, si j'étais aussi chiante et acariâtre c'était pour repousser les gens. S'ils s'approchaient, ce serait fini. Fini de tout ce que j'avais construit pour rester seule, seule dans ma haine, seule dans le trou noir où j'étais aspirée. Si je m'attachais à quelqu'un ça finirait dans la souffrance, dans la douleur, dans des hurlements. Je l'avais compris, "il" me l'avait répété tant de fois après pour me le faire comprendre. Pour me le faire rentrer il me le hurlait dans les oreilles et ricanait de son rire si faux et si gutural. Je secouais la tête et mes cheveux vinrent se poser délicatement sur mon épaule droite.
Je reportais mon regard sur le garçon. Plus tard les souvenirs déchirants, les pensées. Il fallai qu'il me fuit. Il fallait que tout le monde me fuit comme la peste. Et bizarrement je les attirais tous depuis que j'étais ici. Le garçon recula d'un pas et jeta un oeil vers la porte ouverte comme pour y voir son seul échappatoire si je m'avérais être un monstres pleins de griffes, de méchancetés et de crocs. Je ne pouvais pas nier les crocs mais le reste était inexistant chez moi. Je n'étais pas le grand méchant loup. J'étais quelqu'un qui se retranchait derrière son sale carractère pour ne pas montrer à quel point je souffrais. Mais ça, je n'en étais même plus sûre. Je me connaissais bien, mais à ce point là, était-ce possible ? Entre deux respirations, le garçon articula difficilement :

-B..Ben je...en fait.

Il n'arrivait pas à formuler des phrases. Soit j'avais été plus intimidante que je ne le souhaitais. Soit, j'avais été plus intimidante que je ne le souhaitais en fait. C'était de ma faute mais je ne pus retenir un petit sourire et je sentis mon regard s'adoucir. Je me laissais aller à un contact humain. Contact qui était pour moi signe d'un bonheur ultime mais aussi d'une phrase terrible. La phrase en quesiton jaillit à la surface et implosa en moi :

*Ta vie ne vaut rien, elle est à mes pieds et rien ne m'empêche de la briser. Fuis mais souviens-toi, oui souviens-toi que si tu t'attaches, je tuerais tous ceux avec qui tu as eu un contact. Je boirais jusqu'à la dernière goutte de son sang en attendant que tu cries, que tu hurles et que tu veuille mourir à sa place. Car ton agonie sera mon bonheur suprême !*

Je faisais taire ce souvenir douloureux de ma fuite. "Il" paraissait heureux. Ce qu'il voulait c'était mon malheur et mon agonie mais sans me tuer, oui il voulait que je reste en vie tout de même. Pour toujours m'infliger la même chose. S'il savait une chose c'était bien que l'être humain ne pouvait pas rester seul bien longtemps, il le savait et s'en servait pour me faire connaître encore une fois le désespoir.
Je levais un regard triste vers le garçon et lui souriais, sincèrement. Je n'arrivais pas à rester seule sans parler. Même si je ne m'attachais pas à lui par la suite, j'avais besoin de parler. Je ne pouvais pas me décharger sur lui mais je pouvais peut-être l'aider s'il était réellement nouveau.

-Nouveau, je présume ? Tu t'appelles comment ?

Je me repris soudain, demander de se présenter sans le faire c'était pas trop génial pour des présentations. Aussitôt, je me levais et tendis la main dans un nouveau sourire :

-Je suis Yuna, Enchanté.

Je sentis le rouge me monter aux joues. J'étais tellement maladroite avec les gens qu'il allait se moquer de moi, sûr et certain qu'il en rierait. Je devais être pitoyable ! Je baissais les yeux, les joues brûlantes. Mais je gardais la main tendu. Rooh et puis Au Diable, la honte ! Je relevais les yeux et les plantait dans les siens d'un douce couleur ambrée.