« Et bien entendu Brera-kun, tu feras attention à ton comportement. Tu éviteras bien sûr de sauter sur chaque fille croisant ta route. Tu seras aussi un peu moins prétentieux… »

*Et blablabla…* pensa Brera complètement lassé et blasé.

Cela faisait pas moins d’une heure que sa manager était en train de le sermonner, de lui faire des remontrances et de lui donner des indications par téléphone. Si elle savait qu’il était sur la route au volant de sa voiture, il en aurait encore pour une bonne heure à l’écouter. Heureusement que son moteur était silencieux.

« Ne t’inquiète pas ma chérie, je serai aussi sage que d’habitude… » la coupa-t-il avec une voix séductrice et un énorme sourire sur les lèvres.

Il n’entendit pas ce que sa manager rétorqua à l’autre bout du fil, mais il se doutait bien que ça devait être une phrase du genre : « C’est bien ça qui me fait peur… ». Il était comme ça et alors ? Cela plaisait au média non ? Et puis, il s’en foutait à vrai dire, il n’y avait que comme ça qu’il se sentait plus ou moins bien dans sa peau. Sa carapace était quasi inébranlable et cela lui convenait. A ce moment-ci, il était en route vers le Pensionnat dans lequel sa manager l’avait inscrit et où son frère ne pourrait normalement jamais le trouver. Au volant de son joli coupé Audi noir, il filait à toute vitesse vers sa nouvelle vie.

Il ne lui fallut pas longtemps pour arriver devant l’enceinte du bâtiment. De son siège il regarda par-dessus ses lunettes l’immense portail. Et fainéant comme il est, il se dit qu’il devait bien y avoir un moyen de rentrer en voiture là-dedans. Il enclencha la deuxième et suivit le mur d’enceinte jusqu’à trouver une entrée, beaucoup moins imposante. Il s’engagea dans le petit chemin et arriva derrière une immense bâtisse en bois en pierre qui ressemblait à une écurie. Contournant l’écurie, il s’arrêta en un crissement de pneu devant l’entrée. Ayant réussi son petit dérapage contrôlé, il sortit de sa voiture un sourire aux lèvres et s’assit sur son capot pour envoyer un message à sa manager ainsi qu’une photo pour lui montrer qu’il était bien arrivé. Et quand sa manager ouvrirait le MMS, elle verrait un magnifique jeune homme à la chevelure de feu, lunettes de soleil au nez, vêtu d’une chemise blanche dont les premiers boutons étaient ouverts, et d’un jeans un peu délavé de la dernière collection primtemps/été.

Brera terminait d’envoyer le MMS à Yumi, sa manager quand il fut interrompu par une remarque dite sur un ton sec et plein de froideur. Bien entendu, trop occupé à se prendre en photo et à regarder que son apparence était toujours nickel, il n’avait même pas vu qu’une jeune demoiselle avait fait son apparition dans le périmètre autour de lui. C’est tout à fait logique pour lui, il ne pensait et ne s’intéressait qu’à lui. Quoique là il ferait bien une petite exception, heureusement pour elle, la demoiselle avait un charme et était mignonne. Si le contraire s’était avéré, qu’elle soit moche, la pauvre, elle en aurait entendu des vertes et des pas mûres. Verrouillant son IPhone, il le remit dans sa poche puis enleva ses lunettes qu’il accrocha à la poche de son jeans. Bien qu’il soit bourré de défauts, il avait tout de même était bien élevé. Enfin, Yumi lui avait rappelé certains us d’usage, comme, « enlever ses lunettes de soleil quand on s’adresse à quelqu’un ». Et puis, comme ça elle pourrait voir ses magnifiques yeux bleu turquoise. Restant dans sa position sur son capot, il la regarda en souriant en coin :

« Bonjour, moi aussi je suis enchanté de te rencontrer. Je me nomme Brera Raiu Taiku, même si ce nom ne te dit rien, quoiqu’il devrait te dire quelque chose [dit-il plus bas]. » en avançant vers elle et en attrapant sa main pour lui faire un baisemain. Il adorait faire ça aux jeunes demoiselles qu’il rencontrait.

Passant une main dans ses cheveux comme il avait l’habitude de faire pour se recoiffer, même si ça le décoiffait plus qu’autre chose et lui donnait un air « Je sors du lit et je viens de me lever », il désigna sa voiture d’un petit mouvement de la tête.

« Je te prie de m’excuser pour la voiture. » dit-il avec un faux air désolé.

Il allait ajouter quelque chose, mais une nouvelle venue fit son apparition et il se devait de lui dire bonjour également. Voyant qu’elle était gênée par le soleil, il attrapa la main de la fille aux cheveux d’argent et l’entraîna vers l’autre demoiselle pour la protéger du soleil.

« Cela est-il plus agréable ? » en lui faisant un clin d’œil, ne lâchant pas pour autant la main de la demoiselle en uniforme noir.

Brera avait toujours ce sourire arrogant plaqué sur son visage. Il aurait bien aimé être sincère et tout simplement le faire par plaisir. Mais cela aurait brisé son image, et il se devait de la garder en place, quitte à se faire détester. Il ne pouvait se permettre que sa carapace se brise uniquement parce qu’il avait de nouveau été gentil. Il avait peur d’être de nouveau faible et sans défense. Comme il l’était devant Kira, son Nii-sama, comme il l’appelait. Il savait que ce que son frère avait fait de son corps, de sa vie était mal. Brera en avait maintenant peur. Il n’avait pas peur de grand-chose, la plupart de ses peurs avaient un lien direct avec ce qu’il avait vécu sous l’influence fraternelle.

Alors qu’il tergiversait encore, et qu’un immense sentiment de culpabilité régnait en lui, sentiment qu’il camouflait parfaitement avec son masque arrogant, il fut coupé dans sa réflexion par la demoiselle aux magnifiques cheveux argent qui se présenta sous le doux nom de Kairi Tsuki et qui lui rappela de nouveau que sa voiture n’était pas au bon endroit.

« Je vais la déplacer au plus vite, promis. » dit-il en souriant, cette fois-ci un sourire sincère. Puis il passait sa main dans sa nuque, embêté. « En fait, même si ça m’ennuie de l’admettre, je ne sais pas vraiment où je peux la déplacer. Je suis nouveau vois-tu. » ajouta-t-il vraiment embêté. Pas de faux air cette fois-ci.

Puis il se tourna vers la jeune fille qu’il avait précédemment protégée du soleil et lui sourit :

« Enchanté Yuuki, je m’excuse d’avoir voulu être gentil. » en lui faisant un clin d’œil. Puis il tapa dans ses mains et reforma sa carapace qui lui servait de camouflage. « Peut-être, puis-je vous conduire quelque part ? » en désignant la voiture.

Brera avait bien repris le contrôle de la situation après son petit écart de faiblesse où la culpabilité le rongeait. Il observa les alentours un moment. Il ne voyait pas grand-chose. Il voyait un bâtiment ancien, en pierre et en bois. Maintenant il le savait, c’était une écurie. Il avait toujours admiré les chevaux mais avait toujours eu peur de les approcher. Pourquoi ? Il ne s’en trouvait pas assez digne ? Les chevaux, bien qu’ils soient toujours montés par leur cavalier, restaient dignes. Leur puissance et leur prestance étaient magnifiques selon Brera. Il aurait bien voulu être un cheval devant son aîné, devant ses « clients », devant le reste du monde. Enfin, pour le reste du monde, il était un cheval, un puissant étalon, mais il savait très bien, au fond de lui, que ce n’était pas le cas. Il était comme un magnifique animal, docile, qui faisait ce qu’on lui demandait de faire quand cela était nécessaire pour sa propre « survie ». Il souriait toujours, quoiqu’il arrive. Au fond de lui, il ressentait un immense sentiment de culpabilité. Mais Brera devait être cool, arrogant, prétentieux, peteux. C’était son image de marque. C’était là, la solution que Yumi, sa manager, avait trouvé pour qu’il puisse se défendre face au monde extérieur. Lui-même l’avait déjà compris lors des séances desquelles il était le sujet principal, les mots font parfois bien plus mal que certains gestes.

Il souriait toujours quand Kairi lui dit qu’il pouvait mettre sa voiture dans le parking des Professeurs. Il allait la remercier quand il entendit, au loin, le doux son des voix féminines hurlant son propre nom. Pour lui, c’était comme une drogue ces « kya kya ». Il se sentait plus important quand il entendait cela. Mais aujourd’hui, bien qu’il adorait cela et que dans un premier temps il comptait aller à leur rencontre pour faire du fan-service, il voulait profiter de sa première journée à l’Académie pour visiter tranquillement les lieux et repérer des éventuelles jeunes et jolies filles. Alors qu’il avait un masque suffisant de mannequin dragueur, arrogant et horripilant sur le visage, il faut subitement tiré par la main et mit dans un box. Là, il était vraiment étonné, surtout en voyant leurs mains jointes de la sorte. Puis, Brera se mit à sourire narquoisement, surtout qu’elle semblait fortement embarrassée de lui avoir pris la main et de lui avoir tenu plus que nécessaire. Puis elle le regarda dans les yeux et lui demanda qui il était. Il sourit encore plus si c’était possible et lui dit d’une voix extrêmement charmeuse :

« Eh bien, j’hante les pensées de ces jeunes demoiselles nuits et jours. Je suis leur fantasme vivant, je suis leur idéal masculin, je suis l’homme avec qui elles veulent faire leur vie. » en lui faisant un clin d’œil et en approchant son visage du sien. « Je suis simplement leur Brera Raiu Taiku-sama, leur mannequin international préféré. » en terminant en la regardant droit dans les yeux, très proche d’elle.

Puis il se retira assez rapidement, évitant ainsi une éventuelle gifle de la demoiselle, ayant remarqué son tempérament fougueux et passionné. Puis, il se retourna vers Yuuki qui lui adressa la parole gentiment pour lui dire qu’elle connaissait un endroit où il pourrait garer sa précieuse voiture. Souriant de gratitude, très rapidement, il lui fit un bisou sur la joue et se recula aussitôt.

« Merci infiniment Yuuki-chan, ne t’inquiète pas, je n’en veux pas longtemps à d’aussi charmantes demoiselles telles que toi. » Puis il tapa dans ses mains et prit une voix d’agent secret pour dire aux deux filles : « Quel est le plan d’évasion ? » en souriant et en fermant les yeux comme un enfant.

Brera était de bonne humeur maintenant. Tout semblait bien aller. Tout semblait être également normal. Des fans hurlantes cherchant et courant après lui. Une jolie et jeune demoiselle rougissant à son approche… En parlant de cette demoiselle. Il n’avait encore jamais été confronté à ce genre de filles. Une fille qui gardait la tête sur ses épaules alors qu’elle se trouvait dans un très proche périmètre de lui. Il se devait de dire que cela était tout de même reposant. Il pouvait souffler un moment dans ce genre de situation. Contrairement à ce que beaucoup pensaient, une vie de « star » n’est pas toujours facile. Encore moins avec le passé de Brera. Il était sûr qu’ils pourraient devenir de très bons amis. Mais Brera s’était juré de ne plus jamais être proche de personne. Cela le faisait trop souffrir encore aujourd’hui…

Mais aujourd’hui, Brera avait décidé de ne pas penser à ça, il voulait passer une bonne journée pour la première journée de sa nouvelle vie. Prendre un nouveau départ sur le plan relationnel et familial. Et là, il n’était pour le moment pas déçu pour un sou. Surtout qu’il semblait qu’il avait fait des rencontres qu’il n’était pas près d’oublier. Une magnifique petite Fée [ET BAM ] avec de longs cheveux argent et une superbe brune qui semblait extrêmement fragile mais avec un tempérament trempé semblat-il.

Il reprit part à sa petite lubie d’agent secret et se laissa tirer par le col par la jeune Fée, pas méfiant pour un sou. Quand elle lui dit qu’elle avait un plan, il allait lui demander lequel, puis il fut propulsé sans aucune délicatesse en dehors du bâtiment. Il entendit que le parking se trouvait sur la gauche puis, plus rien. Si ce n’est les « Kyakyatements ».

Remettant ses vêtements en place, plaçant le col de sa chemise correctement, il passa sa main dans ses cheveux en disant :

« Eh ben… » puis il mit son masque en place, prêt à accueillir ses fans.

Lorsqu’elles furent à sa hauteur, elle formèrent un périmètre autour de lui, n’osant pas le toucher. *Qu’elles sont bien élevées !*pensa-t-il, un peu soulagé. Avançant vers une au hasard, sa démarche nonchalante et sensuelle, il lui fit un clin d’œil, pris son calepin et son bic, y inscrivit son nom et le numéro de téléphone d’un de ses potes et se recula pour se replacer à sa place.

« Je vous souhaite une bonne journée, mesdemoiselles… » en s’inclinant légèrement. Puis aussi rapide que l’éclair, il sauta dans sa voiture, démarra sur les chapeaux de roue regardant dans son rétroviseur la jeune fille qu’il avait accostée se faire happée par les autres. Il éclata de rire et remis ses lunettes de soleil sur son nez.

« Quelle journée… » en repensant à une personne en particulier.